samedi 7 août 2010

Philippe Govart présente Bondues sans confession. Meurtres, promesses électorales et serments d’amour.

Le 16 juillet à 11 h du matin, Philippe Govart entre dans le bar où nous avons rendez-vous. Lunettes épaisses, blazer noir, l'allure débonnaire, il ressemble bien à un auteur de polar. Il se dit influencé par James Ellroy, Quentin Tarantino ou Michel Audiard. Son livre, Bondues sans confession, s’inscrit dans la pure tradition des romans noirs. Avec un humour décapant, il conte les mésaventures d’un homme en quête de rachat. Pour se faire pardonner d’une femme qu’il a trahie par le passé, il se retrouve mêlé à une sombre histoire de meurtres en pleine élection présidentielle.

L’histoire. Rainer Cloos est un photographe qui ne croit plus en rien. Un jour, Auloniade, un amour de jeunesse, lui demande un bien étrange service. Elle est en danger, il doit tuer un dénommé Silure pour la protéger. Plutôt louche... Il n’est pas très fier de l’avoir abandonnée par le passé. Même s’il refuse de lui rendre ce « service », il décide de surveiller l’homme en question. Sans s’en rendre compte, il se laisse entraîner dans un vrai traquenard. En suivant ce Silure, il est témoin de son assassinat. Il apprend alors que cet homme, conseiller municipal à Bondues, était un jeune loup de la politique. En pleine campagne électorale pour la Présidentielle, l’affaire ne sent pas, mais alors vraiment pas bon...


Philippe Govart, l’intrigue de Bondues sans confession se déroule à Lille pendant la Présidentielle de 2007. Vous n’êtes pas tendre avec le monde politique. Pourquoi ?

« Non, je m’en suis servi de toile de fond pour stigmatiser toutes les promesses qui sont faites lors des élections présidentielles. Ça s’apparente un peu à ce qu’on peut vivre dans un couple, où on fait prévaloir toutes sortes d’éléments qui s’avèrent un peu différents par la suite. C’est le parallèle que je souhaitais. »


L’éditeur vous définit comme « un observateur amusé de la vie politique nordiste »...

« Oui, tout à fait. La vie politique en générale, lilloise, a fortiori. C’est certain. J’ai eu 48 ans il n’y a pas longtemps et je constate énormément de choses, de dérives. Beaucoup d’élus sont extrêmement sérieux, mais ce n’est pas forcément le cas de l’ensemble de la population politique. »


En amour comme en politique, il y a des engagements qui ne sont pas tenus. Auloniade, la femme qui est le déclencheur de cette histoire sanglante, en fait l’amère expérience...

« Oui, c’est clair. Elle est trop pure, peut-être trop généreuse aussi. Systématiquement, elle se fait avoir par les personnes à qui elle donne sa confiance. »


Rainer Cloos, le (anti-)héros qui a été son compagnon, se définit comme un « chrétien désenchanté ». À travers lui, voulez-vous dire que vous avez perdu toutes illusions sur les gens?

« Je ne m’imagine pas dans un personnage. La plupart du temps quand on écrit un roman policier, il faut bien construire un plan avec des personnages qui s’inscrivent dans la logique de l’intrigue. Je n’ai pas voulu donner de message de cet ordre. Le vrai message a trait plus à la jalousie et au fait que c’est un sentiment ridicule. »


Pourtant, sur la couverture, on lit « polar nihiliste ». Il y a encore de l’espoir, alors ?

« La maison d’édition a mis ça, mais le personnage central (Rainer cloos) qui n’est pas un garçon très sympathique et qui se fait manipuler comme une bonne courge du début jusqu’à la fin, ben... trouve la rédemption. C’est intéressant d’en arriver là. À travers toutes les conneries qu’il a pu faire, il frôle la mort, il est seul, il arrive à revivre... »


Recueilli par Sébastien Arnold

Interview publiée dans Croix du Nord le 06/08/2010

> Aux éditions Ravet-Anceau, 11 euros.


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